Margarita Tsomou und Alexis J. Passadakis
Face au diktat d’austérité dans le Sud européen et face à la mort en masse de migrants et réfugiés en Méditerranée, la limite de l’insupportable a été largement dépassée. Des promesses si souvent louées de la construction européenne – la démocratie, une prospérité partagée, la liberté –, rien n’a été réalisé: c’est la folie technocratique, brutale qui règne. A la date du 20 juin, la journée mondiale des réfugiés et le début de la «semaine de solidarité avec le Grèce» appelée par le Forum social mondial, nous allons le crier haut et fort à la Berlin: cette Union européenne n’est pas notre Europe. Et nous allons le faire en même temps que des manifestations similiaires à Rome, Londres, Bruxelles et dans de nombreuses autres villes d’Europe.
Oui, ils et elles existent, ces hommes et ces femmes qui ne le supportent plus. De voir comment les coûts de la crise de l’euro et de la crise financière sont rejetés sur les populations de la périphérie européenne. De voir comment l’avenir de générations entières est sacrifié sur l’autel d’un système financier sorti de tout contrôle, et qui ne bénéficie qu’au «1 %» de la société. Ceux et celles qui n’acceptent pas que la démocratie est réduite à une blague, parce que le dogme du néolibéralisme est présenté comme «sans alternative»; et cela quel que soit le résultat d’une élection. Et, oui, ils et elles existent, qui se révoltent contre le fait qu’à travers le TAFTA et l’ensemble de la politique commerciale néolibérale de l’Union européenne, la protection de l’environnement et les droits sociaux ne soient considérés plus que comme «entraves à l’investissement».
Et, oui, ils et elles existent, ces hommes et ces femmes qui sont horrifiés de voir qu’aux frontières extérieures de l’Union européenne, depuis des années, des milliers de migrants meurent. Qu’au lieu de mettre à disposition des ferrys pour sauver des vies, la protection militarisation des frontières avec Frontex est renforcée. Que l’Union européenne répond aux guerres et à la misère avec des expulsions, et non avec un droit au séjour. Et que les migrants arrivés jusqu’ici, dans l’Union européenne, sont traités comme des délinquants.
La réaction à la volonté de vivre en dignité, de la part d’une grande partie des populations du Sud de l’Europe comme de la part des migrants, consiste – quoique dans des formes variées – dans une rhétorique du bouc émissaire et dans l’exclusion.
Le désir d’une Europe de la démocratie et des droits humains n’a pas été réalisé. A travers les mobilisations sociales et les débats actuels, il existe une chance de changer ça!
Margarita Tsomou est la coéditrice de la revue «Missy magazine»; Alexis J. Passadakis est un militant d’ATTAC.
Voir aussi sous: www.europa-anders-machen.net