Alexis Tsipras serait son «ami». C’est ce que déclare Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. Il ajoute: «Mais pour conserver l’amitié, il faut respecter un minimum de règles.» C’est ce qu’Alexis Tsipras n’aurait pas fait, à suivre Monsieur Juncker, qui se dit maintenant «en colère». Jean-Claude Juncker, un ami à Alexis Tsipras? Voire, un ami de la Grèce? Un homme qui parle du Premier ministre grec comme un colonialiste blanc parlerait d’un «indigène au pays des Zoulous»?
Jean-Claude Juncker, lorsqu’il était le Premier ministre du Luxembourg, a contribué à transformer ce petit pays en deuxième plus grand paradis fiscal de la planète. Il a également été gouverneur de la Banque mondiale, puis gouverneur du Fonds monétaire international (FMI). De 2005 à 2013, il a présidé l’Eurogroupe, le «bureau politique» de l’eurozone donc les réunions se font à huis clos. Il a contribué à inventer la «Troïka». Il a proposé que la Troïka effectue des «redressements» appliqués à des pays entiers, en prenant modèle sur la «Treuhand» allemande, cet organisme qui a démantelé en totalité l’économie de l’ancienne RDA – l’ex-Allemagne de l’Est – à partir de 1990. Le tout selon la maxime: «Privatiser plutôt que redresser.»
En 2008, il a été le lauréat du prix décerné au «European Banker of the Year». Lorsqu’en 2011, le Premier ministre grec Georges Papandréou a voulu tenir un référendum sur le «Mémorandum» – l’ensemble des mesures d’austérité -, Angela Merkel et Jean-Claude Juncker ont organisé sa chute. Lorsque plus récemment, Alexis Tsipras a évoqué l’idée d’un référendum, Jean-Claude Juncker a déclaré: «Je ne crois pas qu’un référendum puisse impressionner l’atmosphère au Bundestag, au parlement fédéral allemand.» Il a aussi déclaré: «La CSU, voilà un parti comme je m’imagine un parti populaire.» La CSU (Union Chrétienne-Sociale) bavaroise est, au sein du Bundestag, le parti situé le plus à droite. Elle joue ouvertement sur les ressentiments anti-grecs.